L'ECOLE

Finlande

Témoignage de Virginie Santahuhta maman de Anaïs

La psychothérapie en Finlande

Alors chez nous la psychothérapie est encore très peu utilisée et ceci pour plusieurs raisons :

- les professionnels sont d'avis que la psychothérapie "classique" en tant que telle n'est pas adaptée aux enfants Asperger, je ne parle pas des autistes car il semble ici aberrant d'utiliser une thérapie basée quand même en grande partie sur le langage pour des enfants qui ont des difficultés à ce niveau :

- il existe encore très peu de psychothérapeutes prêts à utiliser des méthodes moins "classiques",

- la psychothérapie n'est pas forcément bénéfique à tous, dans certains cas elle a un effet inverse à celui escompté, au lieu de rapprocher l'enfant de la réalité, elle contribue à renforcer son monde imaginaire (dixit une neuropsychologue).

Dans la pratique, en ce qui nous concerne, Anaïs y va deux fois par semaine et mon mari et moi rencontrons sa psy une fois par mois.

Nous n'avons qu'une idée assez vague de ce qu'Anaïs fait en thérapie et c'est assez difficile à expliquer. La thérapeute la "laisse" jouer et la guide dans ses jeux, l'interroge, l'amène à réfléchir (encore une gamine torturée).

Quand Anaïs a commencé il y a un an, elle ne savait pas se nommer (qui elle était, ce qu'elle était), ni nommer les personnes de son entourage, elle ne se rappelait jamais, elle n'avait pas conscience non plus de son corps, ses bras et ses jambes étaient pour elle des partie "externes" en quelque sorte et de fait, il lui arrivait souvent "d'oublier" de se tenir sur ses jambes, ses jambes se dérobaient comme ça sans raison apparente (elle n'est pas épileptique et ne souffre d'aucun trouble constaté qui pourrait expliquer celà) et elle tombait par terre.

Maintenant elle sait à peu près qui elle est, encore qu'elle voudrait être son frère, mais bon elle sait qu'elle fait partie du genre humain et à peu prêt quelle place elle tient dans la chaîne universelle.

Elle dit son nom et à 80% celui des autres quand on lui demande, surtout si la question est bien posée.

Elle a "trouvé" ses bras et ses jambes, elle a enfin intégré son corps. (Précision culturelle, dans la société finlandaise, le sauna sert à la toilette et toute la famille y va ensemble, tous nus comme des vers, elle a donc vu des corps, le sien et celui des autres et elle a le droit de poser des questions).

Il y a deux ans elle pouvait marcher sans problème sur sa petite soeur si celle-ci était par terre, elle ne se rendait pas compte que c'était un être vivant, maintenant elle a compris et elle a même appris que le chat était un animal qu'on pouvait caresser et qu'il valait mieux ne pas trop l'embêter (mais c'est vraiment une crême de chat!).

Maintenant les pleurs d'une de ses petites soeurs ne la dérangent absolument pas et elle ne bronche pas si l'une d'elle se fait mal, même si elle est à côté.

Maintenant nous rencontrons également la thérapeute régulièrement pour discuter de ce qui se passe à la maison, comment Anaïs réagit vis-à-vis de telle ou telle chose, remettre quelquefois les pendules à l'heure quand la psy ne se rend pas toujours compte de ce qu'Anaïs comprend vraiment ou ne comprend pas, par exemple elle utilisait le terme de jalousie avec elle alors qu'Anaïs se comprenait pas ce que le mot voulait dire (ni le concept d'ailleurs, en tout cas appliqué aux autres).

Ce n'est pas une thérapie pour les parents, mais nous pouvons aussi parler des difficultés que nous avons par rapport à elle et quelles sont les solutions possibles.

Voilà une toute petite lucarne sur l'utilisation de la psychotérapie pour les enfants Asperger chez nous, maintenant il est également possible d'avoir un suivi pour les frères et soeurs qui en ont besoin et Simo en a d'ailleurs bénéficié l'année dernière (et tout est gratuit, je crois sincèrement que la sécu ici bat celle de la France haut la main, je n'ai même pas de mutuelle).

Virginie